Remise de la médaille de l’ordre national de la Légion d’honneur à Mme Ljubica Gojgic, journaliste indépendante [sr]

Au nom du Président de la République française, l’ambassadeur de France en Serbie, M. Pierre Cochard, a remis la médaille de l’ordre national de la Légion d’honneur, grade de chevalier, à Mme Ljubica Gojgic.

La cérémonie s’est déroulée en présence des amis, famille et collègues de Ljubica Gojgic, dont de nombreux représentants de la profession journalistique serbe.

Dans son discours, l’ambassadeur Pierre Cochard a salué le parcours à la fois exceptionnel et exemplaire de Ljubica Gojgic, qui a promu avec droiture, en Serbie, les valeurs démocratiques et de liberté d’expression chères à la France. Il a également souligné que c’est tout un idéal professionnel et déontologique que la France honorait par cette décoration, rappelant que la France et l’Union européenne appelaient non seulement au respect du code du journalisme, mais aussi à la promotion véritable de la liberté de l’information et du pluralisme des points de vue.

Ljubica Gojgic a débuté sa carrière journalistique en 1992 à Radio Index, gérée à l’époque par des étudiants de l’Université de Belgrade, dont la tonalité était à la fois jeune et impétueuse, pendant que la Yougoslavie sombrait dans la guerre et la crise économique. Elle a rejoint deux ans plus tard la rédaction de l’hebdomadaire NIN, qui s’était illustrée par son engagement en faveur de la paix et de la démocratie dans la région, tout en contribuant pendant quelques mois, en 1997, au quotidien Demokratija, en charge de la couverture indépendante des sujets de politique intérieure, dans un contexte pourtant peu favorable aux discours alternatifs.

Ses articles sur les manifestations civiles et estudiantines contre la guerre et le régime de Milosevic, mais aussi sur les activités des syndicats ou le fonctionnement du marché noir dans un pays sous sanctions, l’ont fait remarquer du public, mais aussi du gouvernement français et de la délégation de l’Union européenne, qui lui ont proposé une bourse de longue durée en 1997-1998, pour suivre un programme de formation à Paris, destiné aux journalistes à mi-carrière. Elle s’est ensuite perfectionnée aux Etats-Unis, à la rédaction du journal Pittsburgh Post-Gazette.
C’est en rejoignant l’équipe de la fameuse télévision B92, en novembre 2001, que la carrière de Ljubica Gojgic a pris une nouvelle dimension auprès du grand public.

Durant treize ans, elle a ainsi été l’un des symboles de cette chaine de télévision indépendante, réputée pour l’excellence de ses équipes journalistiques.

Correspondante spéciale auprès du Tribunal de la Haye et de la CIJ, Ljubica Gojgic a couvert à l’époque les procès de plusieurs personnalités accusées de crimes de guerre, notamment Slobodan Milosevic. Elle a également été correspondante spéciale auprès de l’Union européenne, où elle a traité in extenso le sujet du processus de rapprochement, puis d’adhésion de la Serbie, de même que les débuts du dialogue entre Belgrade et Pristina.

Tout au long de sa carrière, Ljubica Gojgic s’est démarquée par son grand respect du code du journalisme tout en maintenant un ton direct, parfois sans concession. De nombreuses personnalités politiques du monde entier, y compris françaises, lui ont accordé des entretiens, au point de lui forger la réputation de journaliste incontournable.

Depuis mai 2015, le public la suit dans une émission politique-débat, « Angle droit », dans laquelle elle parvient à interviewer des interlocuteurs de premier ordre, issus de toutes les obédiences politiques. Elle parvient ainsi à soutenir le principe du pluralisme politique dans sa ligne éditoriale.

Ljubica Gojgic a également enseigné et animé de nombreuses tables rondes sur l’élargissement de l’Union européenne, de même que des débats sur les processus démocratiques en Serbie et dans la région.

Dans son discours, Ljubica Gojgic s’est réjouie de recevoir cette distinction, qui couronne sa longue affinité avec la France, transmise dès son enfance par son grand-père. Ce dernier, combattant sur le Front de Salonique durant la première guerre mondiale, cultivait un souvenir ému de la fraternité d’armes franco-serbe qu’il avait connue, évoquant ses deux patries, la Serbie et la France. Mme Gojgic a également rappelé son engagement résolu en faveur du pluralisme politique et de la liberté de la presse, des valeurs défendues par ses aïeux et qu’il lui revenait d’honorer à son tour.

Créé en 1802 par le Premier consul Napoléon Bonaparte, l’ordre de la Légion d’honneur a traversé depuis tous les régimes politiques français, du premier Empire à la cinquième République. Elle est la plus haute distinction nationale française.

Dernière modification : 20/04/2022

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