Conférence de presse conjointe de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, et de Nikola Selakovic, ministre des affaires étrangères de la République de Serbie [sr]
Je suis très heureux d’accueillir aujourd’hui en France M. Nikola Selakovic, ministre des affaires étrangères de la République de Serbie, que je rencontre avec plaisir pour la première fois.
La relation entre la France et la Serbie est profonde. Elle est ancrée dans l’histoire et garde la mémoire de nos engagements communs, en particulier dans la Première Guerre mondiale sur le Front d’Orient. Cette relation est aussi tournée vers l’avenir, puisque la France soutient, nous avons eu l’occasion d’en parler, la perspective européenne de la Serbie, qui est un objectif stratégique de ce pays, de même que nous soutenons celle des autres pays des Balkans occidentaux dans la démarche que nous avons évoquée il y a un instant.
Nos relations politiques sont guidées par le partenariat stratégique conclu par nos deux pays en 2011, et dont la régularité des contacts politiques au plus haut niveau est le meilleur témoignage. Le Président de la République a ainsi été accueilli chaleureusement à Belgrade en juillet 2019, et a reçu à son tour son homologue serbe à Paris en février 2021. Et nous avons convenu que nous allions poursuivre cette relation politique y compris au niveau des directeurs politiques dès l’année prochaine.
Nous avons eu tout à l’heure l’occasion d’évoquer l’ensemble des questions les plus importantes de notre relation bilatérale. Les enjeux liés à la perspective européenne de la Serbie, ainsi que les enjeux régionaux importants dans la région des Balkans.
Sur le plan bilatéral, je me félicite du dynamisme de nos relations économiques avec la Serbie, un pays où nos entreprises sont de plus en plus présentes notamment autour du projet emblématique de construction du métro de Belgrade, mais nous avons une dynamique partenariale et entrepreneuriale très forte dans beaucoup de domaines, que ce soit dans le domaine environnemental, dans le domaine des transports, l’aéroport de Belgrade en particulier, et puis d’autres projets importants.
Nous souhaitons que cette dynamique puisse se poursuivre, et s’intensifie, et nous avons convenu ensemble de pousser dans cette direction tous les deux.
Sur la question européenne, la France se tient aux côtés de la Serbie pour l’accompagner dans son rapprochement européen, à la fois par un soutien politique, mais aussi par des gestes concrets comme la mise à disposition d’experts techniques auprès des autorités serbes, sur des sujets d’importance cruciale pour les négociations d’adhésion à l’Union européenne.
Je salue à ce propos l’ouverture, lors de la conférence intergouvernementale du 14 décembre, d’un bloc de chapitres de négociation avec la Serbie, couvrant l’Agenda vert et la connectivité durable. Il s’agit d’une illustration concrète du fonctionnement de la nouvelle méthodologie que la Serbie a acceptée : lorsque des efforts sont réalisés pour mettre en oeuvre les réformes nécessaires, en l’occurrence ce que vous avez fait, la réforme de la justice et celle du secteur de l’énergie notamment, ces avancées sont récompensées dorénavant. C’est pour l’adhésion avec l’ouverture de nouveaux blocs de négociation.
Bien entendu, un travail important reste à entreprendre pour poursuivre les réformes en matière d’État de droit et pour assurer qu’elles produisent tous leurs effets. Nous encourageons les autorités serbes à poursuivre dans cette direction. Et vous m’avez bien indiqué que c’était votre volonté.
Enfin, sur les questions régionales, nous avons rappelé notre préoccupation partagée de consolider dans la région les relations de bon voisinage et de coopération, et de faire progresser la réconciliation. Nous avons longtemps parlé de la situation en Bosnie-Herzégovine, qui nous préoccupe et que nous suivons attentivement. Nous soutenons pleinement la souveraineté et l’intégrité de la Bosnie-Herzégovine, conformément aux accords de Dayton/Paris. Nous avons convenu ensemble qu’il n’y avait pas d’autre voie que celle-là : à la fois l’intégrité, mais aussi le respect des accords dans toute leur dimension. Nous aurons l’occasion d’évoquer ce sujet en détail avec nos partenaires européens, car l’Union européenne ne peut pas se désintéresser d’une dégradation de la situation politique dans ce pays. Nous avons convenu de travailler ensemble sur ces bases.
Nous encourageons aussi Belgrade et Pristina à s’investir pleinement dans le dialogue facilité par l’Union européenne, et à rechercher des compromis en vue d’un accord global et juridiquement contraignant.
Sur l’ensemble de ces sujets, vous connaissez, Monsieur le Ministre, cher ami, l’attention de la France à tout ce qui concerne les Balkans, celle du Président Macron et la mienne. La relation entre l’Union européenne et les Balkans occidentaux, dont la Serbie, sera un élément important de la prochaine présidence française de l’Union européenne. Et le Président Macron a annoncé il y a quelques jours qu’une conférence sur les Balkans occidentaux sera organisée en juin 2022 dans le cadre de la présidence française. Mais d’ici là, il y aura tout un travail de préparation et d’initiatives qu’il faudra prendre, et ce sera l’occasion d’en reparler prochainement avec vous-même, et avec nos partenaires de la région. Je vous remercie.
(…)
Merci, merci beaucoup pour votre français, cher Nikola, c’est vraiment une preuve de l’attachement que vous manifestez à l’égard de la francophonie. Je sais que vous y êtes très attaché, mais c’est une preuve supplémentaire. Merci.