L’agence française de développement (AFD) soutient la modernisation du secteur ferroviaire serbe [sr]
Le programme de modernisation du secteur ferroviaire serbe, soutenu par l’AFD et la Banque mondiale, permettra de renforcer l’intégration de la Serbie dans l’écosystème ferroviaire européen, et d’améliorer l’offre de service aux passagers. Un projet ambitieux au service de la transition écologique.
Article de Marie Tihon, photographe, pour l’agence française de développement.
A Belgrade, l’imposante gare de Prokop semble reprendre vie petit à petit. Quelques usagers s’engouffrent aux sous-sols qui les mènent vers des quais trop longtemps désertés. Les passagers se hâtent, le chef de gare siffle pour annoncer le départ du train pour Ovca dans la périphérie de Belgrade. Ce trajet offre un bel aperçu de la ligne de transport « BGvoz ». Elle sera prochainement rénovée dans le cadre du projet de modernisation du secteur ferroviaire entrepris par le gouvernement serbe. La première phase de ce programme, d’une durée globale de dix ans, est financée à hauteur de 102 millions d’euros par l’AFD et la Banque mondiale.
Gare de Prokop, à Belgrade
« Depuis l’éclatement de l’Ex-Yougoslavie, l’usage du transport ferroviaire a décliné dans la région », constate Dominique Hautbergue, directeur de l’AFD dans les Balkans occidentaux. Dès lors, ce projet s’inscrit dans la lignée des investissements importants soutenus par différents partenaires, au premier rang desquels l’Union Européenne, pour redévelopper les corridors ferroviaires dans les Balkans. « L’idée c’est que la gare de Prokop redevienne une gare centrale dans la région, au niveau du transport entre le Sud et le Nord de l’Europe », ajoute le directeur.
Améliorer l’efficience du secteur
La République de Serbie est située sur un axe majeur de communication en Europe, au centre du corridor reliant la Grèce à l’Autriche. Le potentiel du transport ferroviaire y est important, à la fois pour le fret et pour le transport de passagers, mais il est freiné par des retards accumulés en termes d’investissements, affectant la performance du réseau et le niveau de service proposé aux usagers. Dans ce contexte, le gouvernement serbe a souhaité mener d’importantes réformes pour renouveler ce secteur. En 2015, l’unique et historique entreprise ferroviaire serbe a été scindée en quatre entreprises ferroviaires publiques sous la tutelle du Ministère de la Construction, des Transports et des Infrastructures. L’une d’elle, Infrastructure des chemins de fer serbes (IZS), s’occupe de la gestion des infrastructures et est accompagnée par l’AFD et la Banque mondiale pour réaménager la gare de Prokop, en construction depuis plus de 50 ans. L’objectif principal est, via l’appui apporté dans le cadre du programme à cette société et à sa consœur Srbija Voz (en charge du transport de passagers), d’accroitre la qualité et la fréquence de ses services.
Train moderne en gare de Prokop
« Dans un premier temps, cela passe par la rénovation d’une ligne de transport périurbain et la sécurisation de l’ensemble des convois de fret et de passagers. Le projet vise également à couvrir tous les points les plus critiques du réseau ferroviaire, comme la remise en état de 700 passages à niveaux, pour améliorer la sécurité ferroviaire en diminuant le risque d’accidents sur le réseau. », explique Dominique Hautbergue.
700 passages à niveau vont être réhabilités pour améliorer la sécurité sur l’intégralité du réseau et lutter contre les accidents.
Une réalité aussi observée par un employé de Srbija Voz, fin connaisseur du réseau : « Au fil du temps les infrastructures se sont détériorées », se désole-t-il. Il a l’espoir que le programme de modernisation du réseau permettra l’installation de « nouveaux équipements de signalisation » afin de fluidifier le trafic, notamment à l’approche des passages à niveaux.
Sasa Rancic, conducteur de train depuis 32 ans.
Promouvoir une mobilité urbaine durable
En faisant des investissements sur les enjeux de desserte suburbaine une priorité, le programme participe à l’amélioration de la mobilité urbaine durable. Avec des trains reliant au quotidien Belgrade et ses villes satellites, la gare de Prokop entend devenir un nouveau hub ferroviaire. Des bénéfices socio-économiques et climatiques sont également attendus. C’est ce que soutient le directeur d’IZS, Nebojsa Surlan, lors d’une mission en présence d’experts en mobilité de l’AFD : « Notre gouvernement a l’intention de changer le trafic et de réduire l’utilisation des routes en augmentant l’usage des trains. Jusqu’à présent, 2 milliards d’euros ont été investis et le gouvernement compte investir encore 4 milliards d’euros dans les cinq prochaines années, ce qui démontre la volonté de l’état de moderniser le réseau ferroviaire, de le rendre plus rapide et de diminuer la pollution. », indique-t-il.
Goran Maksić, chef de gare de Belgrade Centre (Prokop)
Le directeur poursuit sa visite de la gare Prokop en montrant les rampes d’accès, lifts et autres espaces où seront installés des escalateurs pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite. L’enjeu est de rendre cette gare plus inclusive, qu’elle soit notamment aussi plus sécurisée pour les femmes. Le nouveau défi consiste donc à attirer tous les usagers serbes vers une mobilité plus respectueuse de l’environnement pour réduire les émissions de particules et améliorer la qualité de l’air à Belgrade, qui souffre d’intenses épisodes de pollution atmosphérique.
Avec ce projet qui a débuté en septembre 2021, l’AFD accompagne la Serbie dans sa transition du transport motorisé individuel vers les transports collectifs, comme le souligne Dominique Hautbergue ; « Cette gare, c’est aussi l’opportunité à terme de redynamiser tout un quartier, de développer un schéma global de transport en intégrant les futures lignes de métro, bus, tram, etc. C’est tout un schéma de mobilité qui est visé au travers de ces différents aménagements. », conclut le directeur.
À terme, la rénovation de la gare de Prokop offrira des opportunités pour redynamiser le quartier et pour mettre en place un schéma de mobilité global.